Des écrans qui « font écran » à la relation adulte-enfant
Des écrans qui « font écran » à la relation adulte-enfant
(par référence à Olivier Duris, psychologue clinicien)
Des études montrent que l’utilisation du téléphone portable par les parents peut augmenter leur distraction et réduire grandement les interactions avec leur enfant.
Une interaction qui pourtant reste essentielle pour le développement de l’enfant, notamment par l’échange de regards et les paroles qui lui sont adressées.
On comprend dès lors que l’écran de téléphone portable peut bel et bien
« faire écran » à la relation entre un adulte et son tout-petit.
Par ailleurs, si l’adulte est lui-même accaparé par l’écran, le tout-petit le sera également. Cela s’explique par ses capacités d’imitation et d’attention conjointe qui le poussent, dès ses 9 mois, à diriger son regard et son désir vers ce qui semble attirer son parent. De ce fait, si le parent regarde sans cesse l’écran, le nourrisson fera de même.
Nous savons aujourd’hui que les bébés sont directement captés par les mouvements colorés, ce qui explique d’ailleurs pourquoi les écrans peuvent paraître si attrayants.
S. Tisseron, « Les impacts des écrans sur les enfants et les moyens de les en protéger», Revue francophone d’orthoptie, 2019
La technoférence ?
La technoférence se définit comme les multiples interruptions quotidiennes dans les interactions en raison des dispositifs technologiques.
Dans les relations avec les enfants, ces interférences doivent nous interroger.
De quoi l’enfant a-t-il besoin ?
Pour grandir l’enfant a besoin de continuité, d’attention conjointe et de la pleine présence de l’adulte qui s’ajuste à ses besoins et à ses émotions.
Nos mimiques, nos expressions faciales, les mots que nous utilisons pour traduire la réalité de ce que vit le jeune enfant sont essentiels. Porté par cette attention, cette reconnaissance, cette nomination de ce qui le traverse, l’enfant y prend appui pour grandir.
Quels sont les effets de cette technoférence ?
Des chercheurs ont montré qu’un adulte sur son smartphone en présence d’un enfant, s’adresse moins à lui, lui parle moins (moins de mots) et utilise moins de vocabulaire (appauvrissement). En retour, l’enfant parle moins.
Une porte ouverte également à moins de reconnaissance du vécu, des ressentis et émotions... liés à ce que vit l’enfant et pourtant au combien importante pour cette ouverture aux autres et à soi, au monde.
Répétées au quotidien, ces interruptions appauvrissent les échanges adulte-enfant.
Pour conclure,
C’est la présence attentive de son parent et de l’adulte qui tente de répondre à ses appels et à ses besoins qui aide l’enfant à se construire.
Tous ces mots qui lui sont adressés, ces sourires échangés, ces gestes enveloppants vont lui permettre de prendre conscience de sa singularité.
Toutes ces expériences du quotidien vont venir nourrir le lien et contribuer à cet attachement essentiel à l’enfant pour développer sa sécurité affective. Celle-ci va lui permettre d’évoluer petit à petit vers une autonomie propre et réelle.
Ne laissons pas les écrans interférer sur la relation parent-enfant.
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